J'ai commencé à taper une réponse, je me suis arreté quand j'ai attaqué la 8eme page, par flemme d'une part et prenant en considération la vacuité de la démarche d'autre part. Je ne suis pas quelqu'un de synthétique et comme ce que tu avances a un minimum de pertinence, ben je n'ai pas su y répondre simplement. Je vais tenter le résumé.
Je ne partage évidemment pas ton point de vue, mais ce qui m’embête le plus est que tu me pretes des intention que je n'ai pas.
Bien sur que les mots n'ont pas de sens intrinsèque, absolu, dans le vide, universel et immuable. Pourtant, ils en ont un bien un (ou plusieurs) mais relatif au sein d’une communauté. C'est leur essence, ce sont des unités porteuse de signification(s) auxquelles on lie une (ou plusieurs) représentation d'un objet ou d'un concept.
Tu sembles fortement négliger le caractère vital au sein d’une macro-communauté, englobant elle-même une infinité de sous-communautés imbriquées les unes dans les autres qui amènent chacune leur lot de sens, de mots, d’acceptations et de nuances inédites, que revêt le rôle prescriptif et normatif du dictionnaire. Comment tu maintiens un ensemble d’associations mot – Sens commun à tout le monde si tu n’as pas une référence ? Tu espères que le lien social va se maintenir tout seul, par magie, sans ce socle commun, compte tenu de la taille extrême de la société et de la multiplication, ainsi que la complexification, quotidienne des sens ? La plupart des membres de ta macro-communauté ne se rencontreront jamais, ne crois-tu pas que c’est un facteur important ?
Comme toute référence, on peut bien évidemment s’en écarter. De toute facon, tu n’empêchera pas les membres de ta macro-communauté, et de ses sous-communautés, de faire évoluer la langue, tu n’as aucun espoir de la figer et ce n’est d’ailleurs pas la fonction d’un dictionnaire. En effet, le travail titanesque d'aller collecter tous les sens que les interpersonnalités donnent à telle ou telle suite de symbole, de les synthétiser, d'en valider certaines, d'en rejeter d'autres car marginales (pas assez de gens utilisent ce mot dans cette acceptation pour qu'il soit utile que l'intégralité de la macro-communauté le reconnaisse), ne peut suivre la versatilité d’une langue vivante.
Si par fragiles tu entends que LES acceptations stéréotypiques d’un mot que donne un dictionnaire sont imparfaites, tronquées, réductrices, arbitraires et en retard, on ne peut qu’être d’accord. Pourtant, à partir d’une certaine taille critique ta société a besoin de cette référence pour maintenir une relative stabilité du langage dans le but de conserver un minimum de cohésion.
Là où tu trompes encore, c’est dans la comparaison entre la bible et le dictionnaire. La bible est fixée à tout jamais, elle est amendée par des évangiles, des regles sont édictées par le clergé, mais elle, elle est ne bougera jamais. Le dictionnaire est par contre par essence évolutif. Il n’est pas que prescriptif. C’est une différence fondamentale. A partir du moment ou un sens, un mot, une acceptation est suffisamment partagée au sein de ta macro-communauté, elle acquiert sa place dans la référence.
Le fait que les garants de ce dictionnaire soit des gros cons(ervateurs) allergiques au mouvement et aillant du mal à suivre les évolutions du langage de la société car en plus ils n’en font presque plus partie intégrante ne doit pas te faire perdre de vue que
c’est bien la société qui dicte ce qu’il y a dans un dictionnaire et que son rôle prescreptif n’est que rétro-actif.
Tu peux ne reconnaitre à personne l'autorité morale de choisir quel sens écarter et quel sens garder, pourtant la nécessité de ce rôle m’apparaît comme une évidence (enfin 8 pages, c’est peut-etre pas si evident). Comme pis-aller, moi je veux bien l’accorder à l’état (qui d’autre ?). C’est pour cela que dans tout mon propos je ne parle que DU dictionnaire et pas DES dictionnaires et que j’ai invité zefreidz à jeter son larrousse.
En conclusion (sur ce point) tu comprendras peut-être que même si elles sont fragiles, les acceptations stéréotypiques du dictionnaire sont opposables quand quelqu’un en utilise une nouvelle qui n’y a pas encore trouvé sa place. (Ouf, Une page et demi !)
Bon a partir de la c’est inédit :
Mais mon propos n’était en fait même pas là lorsque j’affirmais, maladroitement si tu veux, que « les mots ont un sens ». Le fait que les utilisateurs creent et utilisent perpétuellement de nouveaux mots, de nouveaux sens, et même de nouvelles associations mot – sens ne posent évidemment aucun problème et, encore une fois, tu ne l’empechera jamais. Ce qui pose probleme c’est lorsque les notions, les concepts et au final les sens se diluent ou pirent se perdent par confusion et approximation fait sur l’utilisation des mots pour transcrire sa pensée.
Je vais m’appuyer sur la dernière phrase de ta dernière intervention :
Citation :
Ca a son utilité, mais dès lors que c'est présenté comme la référence suprême, et ben c'est juste un peu facho.
Ce n’est pas d’aujourd’hui que ce mot est utilisé à tord et à travers dès que quelque chose paraît de près ou même de très loin autoritaire. Je fais partie de la même société que toi donc je connais cette acceptation valise donnée à ce mot (perso, ca m’arrive de l’employer aussi même si c’est quasi systématiquement ironique).
Le dictionnaire l’a même admise bien qu’elle se base sur une dénaturation très importante du terme (pardon du sens) vrai (pardon originel ;p). C’est normal, c’est son boulot. La référence précise tout de même bien que c’est un sens exagéré :
Citation :
Fascisme :
A.- HIST. Doctrine que Mussolini érigea en Italie en système politique et qui est caractérisée par la toute puissance de l'État (intervention de l'État dans l'économie, étatisation des appareils idéologiques, développement de l'appareil répressif dominé par la police politique, prépondérance de l'exécutif sur le législatif, etc.) et par l'exaltation du nationalisme.
[…]
- P. exagér. Toute attitude totalitaire, hors du domaine politique.
Ca c’est la référence (dictionnaire étatique émis par le cnrtl (agregat de dicos de l’académie francaise, seule autorité morale à qui je reconnais le droit d’établir une référence commune servant de base au langage à partir de laquelle celui-ci peut évoluer, tout en se retro-nourrissant de ces évolutions futures)).
Un autre recueil va beaucoup plus loin, normal, il est amendé beaucoup plus souvent. Il est donc moins stable, mais colle plus à l’actualité (donc il faut le racheter plus régulièrement pour qu’il conserve une utilité…ohhh wait….) :
Citation :
Fascisme :
[…]
Attitude autoritaire, arbitraire, violente et dictatoriale imposée par quelqu'un à un groupe quelconque, à son entourage.
L’acceptation valise n’est donc pas débattable puisqu’elle est entrée dans la référence. Pourtant ne vois-tu pas en quoi elle représente un amalgame simplificateur et réducteur et dénote d’une démarche intellectuelle dangereuse car appauvrissante en terme de sens transmis ?
ENFIN, si tu trouves la démarche de normalisation du langage et le rôle prescriptif du dictionnaire fasciste, c’est que tu présupposes que la sélection faite par l’état des acceptations stéréotypiques valides se basent sur de la malveillance et sur la volonté de contrôler, alors que le critère est simple : est-ce que l’acceptation est suffisamment répandue ou non ? Je te l’accorde, ce critère n’est malheureusement pas toujours la seule motivation.
Mais pour l’instant je vais m’arreter là ;).